Avion19

Samedi 12 Juin 2010

MÉAULTE (80) Dans les coulisses de la Patrouille de France

Photos :  12

Le capitaine Virginie Guyot est la première à quitter le tarmac. Elle passe devant les mécaniciens et salue le sien, qui lui rend le geste. Une fois que les huit Alpha Jet ont décollé, ces mécaniciens peuvent intervenir sur l'un des avions, qui rencontre un léger problème technique, devant le Transall d'assistance.

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La Patrouille de France est arrivée hier peu avant midi sur le tarmac de l'aéroport d'Albert-Picardie. Mais la « PAF », ce ne sont pas que huit pilotes. C'est une cinquantaine de militaires. Entretien, logistique, ils sont parfaitement rodés.

Et pour la présenter, le lieutenant Stéphane Azou, chargé des relations publiques, connaît le sujet par cœur. Il pourrait parler des heures d'une escadrille dont le leader est le commandant Virginie Guyot, première femme sur la planète à endosser ce rôle. « Ce n'est ni plus dur, ni plus facile. Je suis un pilote comme un autre, jugé sur ses compétences. Depuis que j'ai 12 ans, je rêvais d'être pilote, j'admirais la Patrouille de France et je n'aurais jamais imaginé en faire partie. Mais quand j'ai réuni les conditions pour postuler, être chef de patrouille, avoir plus de 1 500 heures de vol(soit plus de 10 ans d'expérience), je me suis lancée. Mais je ne suis pas unique. Je suis juste un pilote qui assouvit sa passion. »

« Il règne une confiance absolue entre nous »

Modeste, elle réunit ses partenaires pour un briefing, une heure avant le décollage. Le capitaine Ludovic Bourgeon fait un état de la météo. « Plafond à 3 000 pieds, visibilité Marignane». L'équipe utilise son propre langage. « Marignane » signifie que les conditions sont bonnes. Aussi bonnes que si la « PAF » décollait de Salon-de-Provence et apercevait Marignane, à 20 km de là. Virginie Guyot lance alors la « Musique ». Un moment sublime.

Les pilotes ferment les yeux. Ils se laissent guider par la douce voix de leur leader et répètent virtuellement leur programme. La « musique » terminée, direction les cockpits. Virginie Guyot est la première à quitter le tarmac. Elle salue son mécanicien, le chef Frédéric Larguier qui lui répond. « C'est plus un salut amical que hiérarchique » explique-t-il. « Il règne une confiance absolue entre nous,ajoute Virginie Guyot, qui a choisi son "mécano". On fait confiance à 200 % à nos mécaniciens. S'ils nous laissent monter dans l'avion, c'est qu'il est fiable. »

Les Alpha Jet dans le ciel, l'équipe technique se met à intervenir sur l'un des deux avions restés au sol. Les autres partent se reposer à bord du Transall, où le commandant de bord, le lieutenant Franck Soreau reste sur le qui-vive. « En cas de gros problème, nous devons être capables d'intervenir et de faire un aller-retour à Salon-de-Provence en cinq heures si nous n'avons pas la pièce à changer. »

Dans son appareil qui peut parcourir jusqu'à 5 000 km et transporte aussi une partie de l'équipe, dix tonnes de matériel sont stockées.

Après 20 minutes de show, la patrouille se pose. Virginie Guyot est la première à sortir de son cockpit. Elle retrouve ses hommes pour un rapide briefing tandis que le camion citerne intervient pour refaire le plein en kérosène sous le regard fier d'Antoine Hauser. L'un des trois nouveaux pilotes. « Je viens d'arriver dans une grosse machine réglée comme une horloge. J'ai dû assimiler les techniques et m'insérer le plus vite possible dans le groupe qui ma coopté. Pour venir ici, on doit se remettre complètement en question et recommencer en bas de l'échelle. »

Aujourd'hui, la Patrouille de France, dirigée par le Lieutenant-Colonel Bruno Bezier, décollera vers 14 h 30 pour partir survoler le départ des 24 heures du Mans. Elle reviendra une heure plus tard. Elle proposera son show à partir de 17 h 30. Elle quittera la Somme demain matin pour participer au centenaire de l'aéronavale à Hyères. L'un de ses 50 rendez-vous programmés en 2010. Une journée ordinaire pour une équipe extraordinaire

VINCENT FOUQUET courrier picard .fr